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Agriculture et véganisme

Par Stéphane Groleau*


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Adopter une alimentation exclusivement végétale est le moyen le plus direct de dire « non » à la souffrance animale et ainsi sauver de nombreuses vies. Malheureusement, l’exploitation des animaux se retrouve à bien d’autres endroits parfois insoupçonnés. En effet, la façon dont les aliments furent cultivés contribue généralement à entretenir le meurtre et la souffrance de nos amis sans cordes vocales.

Les méthodes de culture actuelles, qu’elles soient conventionnelles, biologiques ou biodynamiques, sont grandement orientées vers l’utilisation des animaux. Au centre de celles-ci : l’utilisation du fumier animal. Bien sûr, le fumier a la capacité de fertiliser les plantes, mais il est faux de croire en sa nécessité. En effet, les excréments ne représentent qu’une partie de ce que les animaux ont d’abord ingéré, ils n’apportent rien de nouveau. Nous pourrions utiliser directement cette nourriture pour fertiliser les sols. En fait, les défenseurs du fumier sont généralement des consommateurs de viandes ou de sous-produits animaux (lait, fromage, œuf). En agriculture biologique, il est même possible d’utiliser du fumier provenant d’élevages conventionnels où hormones et pesticides furent utilisés.

Les résidus des abattoirs font aussi leur chemin en agriculture (incluant l’agriculture biologique). Farine de sang, poudre d’os, farine de plumes et compost de crevette servent à fertiliser les tomates, concombres et compagnie. Par conséquent, un chou engraissé avec du sang séché est-il encore végane ?

Si l’on se préoccupe réellement de la condition animale, les impacts écologiques de l’élevage et de la production conventionnelle doivent être analysés. L’utilisation de pesticides, d’engrais de synthèse et d’organismes génétiquement modifiés est loin d’être sans conséquence : pollution, érosion, pluie acide, déforestation, désertification, production de gaz à effet de serre. Tout cela contribue au meurtre, à la souffrance et à l’extinction de milliers animaux et d’espèces chaque année. Sans compter toutes les expérimentations animales liées au développement de ces produits nocifs.

Bref, pour sortir de ce système de domination des animaux non-humains, il faut nécessairement changer de paradigme ; cesser de croire en l’absolue nécessité du fumier (et des animaux) comme source de nourriture pour les plantes ; et alternativement, orienter l’agriculture vers des méthodes pacifiques, à base de végétaux, respectant ainsi le sol et ses habitants.

N’est-ce pas là le même débat qu’au niveau de l’alimentation humaine ? Tout comme l’humain peut très bien vivre en se nourrissant de végétaux, le sol (et par conséquent les plantes) peut être davantage vivant et conserver une fertilité à plus long terme si on le nourrit avec des végétaux. Concrètement, cela se traduit par l’utilisation des engrais verts, des paillis végétaux, du compost végétal, du compost de surface, de la rotation ou succession des cultures ou toute autre méthode durable, écologiquement viable et ne reposant sur aucune exploitation animale.

Bois raméal fragmenté (BRF)

Une des techniques les plus prometteuses consiste à utiliser des branches ou jeunes pousses d’arbre réduites en copeaux que l’on épand à la surface du sol. Appelés bois raméaux fragmentés (BRF), ces petits fragments enclenchent le développement d’une faune et d’une flore différentes des engrais habituels. S’en suit une amélioration de la structure du sol (rétention d’eau, aération, drainage) et un apport de nutriments. De pair avec les sources de fertilité, les principes de travail minimum ou de non-travail du sol permettent de protéger cette fine couche de terre d’où tous nos aliments émanent. L’absence d’animaux d’élevage en surface est alors compensée par la présence d’une riche communauté d’organismes dans le sol, lesquels digèrent les végétaux morts et « labourent » le sol.

Diverses méthodes de culture existent et de plus en plus de personnes cultivent sans intrant animal, si bien qu’un réseau anglais d’agriculture et de jardinage biologique végétalien fut mis sur pied en 1996, suivit quelques années plus tard d’un réseau similaire en Autriche. Depuis 2008, un réseau nord-américain a également vu le jour et répertorie plus d’une dizaine de fermes. À noter toutefois que d’ici à ce que les légumes biologiques végétaliens arrivent dans les supermarchés, les produits certifiés biologiques restent la meilleure alternative. En effet, l’agriculture conventionnelle avec ses pesticides, engrais de synthèse et organismes génétiquement modifiés a des répercussions encore pires sur l’environnement et ses habitants (empoisonnements, avortements, difformités, cancers…).

Finalement, cultiver un potager chez soi restera toujours la façon la plus sûre de savoir d’où proviennent nos aliments et ainsi, de respecter la vie. Pour en connaître davantage sur le réseau d’agriculture biologique végétalienne ou pour démarrer votre propre jardin végétalien, passez voir le site www.goveganic.net.

Autres ressources :


* Cofondateur du Réseau d’agriculture véganique, Stéphane Groleau se passionne pour les approches alimentaires et agricoles alternatives respectueuses de la planète, des gens et des animaux. Il a grandi sur une ferme laitière, puis fait des études en anthropologie, puis en agriculture biologique. Traducteur du livre La permaculture – une brève introduction, il est également écocinéaste, musicien et webmestre.


1 Messages

  • Bonjour,
    Ma femme entretient un potager en s’inspirant de la permaculture, sans produit acheté d’aucune sorte. Elle a posé des branchages et déchets végétaux à même le sol, puis recouvert de déchets végétaux compostés par nos soins.
    Elle voit malgré tout ses cultures, principalement les choux et épinards perpétuels se fait attaquer par des limasses petites ou grosses. Que pensez vous qu’il est nécessaire d’ajouter ou de supprimer pour ne plus avoir ces limasses dans les cultures mais les cantonner dans les déchets végétaux ?
    Merci de votre attention.


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